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Le diesel a-t-il encore un avenir ?

Les temps sont durs pour les moteurs thermiques, en particulier en Europe – il suffit de se reporter à notre article d’avril dernier, portant sur l’arrêt programmé de leur commercialisation en 2035, pour s’en convaincre. Cependant, si les blocs essence semblent avoir encore quelques belles années devant eux, il n’en va pas de même du “bon vieux mazout”, si vous nous permettez l’expression. Et pourtant, il y a quelques années encore, c’était (du moins en France) un choix d’évidence, semblant s’imposer de lui-même pour la plupart des catégories de véhicules. Alors, que s’est-il passé, et le diesel est-il vraiment en train de vivre ses derniers instants ?

Pourquoi le diesel ne séduit-il plus autant ?

Depuis le choc pétrolier de 1973, le diesel a été perçu comme un carburant particulièrement pertinent, et à l’apogée de son attractivité, il représentait jusqu’à 70% des ventes annuelles de véhicules neufs en France. Le “roi des carburants” a depuis été largement détrôné, par l’essence d’une part, mais aussi par les véhicules hybrides, et en 2022, il ne “pesait” plus qu’à peine 30% du total des ventes.

L’accélération du déploiement des ZFE (Zones à Faibles Emissions) n’est évidemment pas étrangère à cette situation, puisque, pour rappel, la vignette Crit’Air intégrant la problématique des particules fines – que les moteurs diesel génèrent davantage que les essence – il n’y a pas aucun “mazout” qui puisse être Crit’Air 1. En outre, la future norme Euro7, actuellement encore en discussion, pourrait bien être fatale au diesel, ce qui n’est évidemment pas de nature à rassurer les acquéreurs potentiels quant à l’éventuelle décote de leurs véhicules.

Quels sont les atouts – et les limites – factuels du diesel ?

Cela étant posé, plusieurs faits – incontestables, par essence (sic) – méritent d’être rappelés, à commencer par le fait qu’un litre de diesel contient toujours davantage d’énergie qu’un litre d’essence, et qu’un moteur diesel affiche un meilleur rendement. Il en résulte que, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, et toutes choses étant égales par ailleurs, le diesel reste nettement moins gourmand. C’est vrai face à l’essence, mais sur de longs trajets, cela se confirme aussi face à l’hybride, en particulier l’hybride rechargeable, puisque l’on parle alors de véhicules extrêmement lourds, dont la consommation s’envole de façon gargantuesque une fois les batteries à plat.

Pour les gros rouleurs, le diesel constitue donc encore une proposition pleine de bon sens, qui apporte davantage d’autonomie entre deux pleins. En outre, ces moteurs étant plus coupleux que les “essence”, ils apportent un agrément de conduite différent – finies les montées en régime grisantes, mais pour tracter des véhicules imposants – quelqu’un aurait-il dit “SUV” dans la salle ? – il n’y a pas mieux… en dehors du 100% électrique, et c’est un autre débat.

N’oublions pas non plus que si vous roulez avec un pied droit un peu lourd – gare aux photomatons sur le bord des routes – la consommation d’un bloc diesel peut effectivement doubler … quand celle d’un moteur essence de puissance équivalente triplera, ou quadruplera !

De surcroît, si le diesel émet effectivement malheureusement plus de particules fines et d’oxydes d’azote (NOx), il génère aussi moins de CO2… ce qui, paradoxalement, le rend plus écologique, du point de vue de la lutte contre le réchauffement climatique !

Pour autant, le diesel est pénalisé par un surcoût à l’achat, qui a toujours existé – avec un coût de production supérieur à celui d’un moteur essence – mais qui n’est plus du tout compenser par un tarif inférieur du carburant en lui-même. Ainsi, au moment où nous mettons sous presse, le litre de sans-plomb s’affiche en moyenne à 1,88 € quand il faut débourser 1,93 € pour du gazole. En parallèle, du fait de la présence de rampes d’injection spécifiques, à très haute pression, et de systèmes de dépollution parfois capricieux, les diesels imposent des coûts d’entretien plus élevés que ceux des voitures essence. En outre, comme les utilisateurs de diesel tendent, statistiquement parlant, à rouler davantage que les autres, leurs voitures sont aussi logiquement plus chères à assurer.

Last but not least, si cela fait bien longtemps que les “mazout” ont perdu – et à juste titre – leur mauvaise réputation de produire beaucoup de fumées nauséabondes, ces moteurs restent plus bruyants, en particulier à l’accélération et au ralenti. Néanmoins, quiconque a entendu un V10 de BMW M5 (E60) au démarrage, ou inversement un 6 cylindres en ligne diesel de 335d, saura que ce sujet est plus subjectif qu’il n’y parait. Et ce n’est donc pas un réel frein à l’achat.

Alors, faut-il envoyer l’avis de décès du diesel ?

Avant de se vêtir de noir pour assister aux obsèques de cet hydrocarbure ébène, il convient de ne pas se précipiter! En effet, sur les derniers mois de 2023, l’on constate une stagnation des ventes de véhicules électrifiés – hybrides et électriques – qui se déroule parallèlement à un regain d’intérêt pour le diesel. Cette situation, pour étonnante qu’elle puisse paraître, trahit en réalité la conjonction de deux mouvements de fond antagonistes : d’une part, la pression des pouvoirs publics pour promouvoir le tout-électrique se heurte à la réalité concrète du prix d’achat de ces mêmes véhicules et des difficultés à les recharger aussi facilement que les clients le voudraient, et d’autre part, les consommations très attractives – et très tangibles – des derniers bloc diesel commercialisés. Pour dire les choses autrement, lorsque vous avez le choix entre un SUV hybride rechargeable, que le constructeur affiche à 1,5l/100km en mixte puisque c’est qu’indique le cycle d’homologation WLTP, mais que, dans la “vraie vie”, vous êtes plutôt à 8l/100km car les batteries sont vides au bout d’une vingtaine de kilomètres, et que, face à lui, le même SUV diesel consommera réellement 6l/100km… avouez qu’il y a de quoi hésiter !

Sur le long terme, le diesel – comme l’essence du reste – disparaîtra, car les carburants fossiles ne sont pas compatibles avec l’impérieuse nécessité de lutter contre le réchauffement climatique. Mais pour les 10 à 15 prochaines années, a minima, la page du “mazout” n’est pas encore définitivement tournée, en particulier pour celles et ceux qui réalisent chaque année un kilométrage élevé au volant de leur véhicule.

Sources : www.automobile-magazine.fr, www.autojournal.fr, www.autoplus.fr, www.capital.fr